Toute étape de la vie est accompagnée de défi. Le vieillissement n’y échappe pas. C’est une période de renouveau identitaire. La retraite, les petits et les gros « bobos », la santé du partenaire, l’image de soi, la modification de l’intimité et les différents deuils sont tous de nouveaux défis que l’on doit affronter et surmonter. Parfois, surmonter, c’est tout simplement accepter ; accepter que les contraintes auxquelles nous faisons face soient maintenant notre réalité. C’est de faire le bilan de ce qui fut, mais n’est plus. Cela ne signifie pas que nous sommes « moins » qu’avant, mais plutôt que nous sommes différents d’avant.
Comme l’avance la théorie des stades développementaux d’Erikson, la période de vieillesse est associée au stade de l’intégrité ou du désespoir. La résolution positive de cette crise développementale est l’intégrité, non seulement envers soi-même, mais également envers sa vie, ses expériences et ce qu’on laisse derrière soi. Cette résolution implique que la personne accepte sa vie et celle des autres, qu’elle se sente cohérente et entière et qu’elle reconnaisse le sens et la valeur de sa vie jusqu’à présent. La personne donne un sens à sa vie, accepte son passé et se prépare pour la suite ; elle est sereine. À l’inverse, la résolution négative de cette crise développementale résulte au désespoir ; une insatisfaction par rapport à sa vie, un désespoir de voir le temps passer trop vite et d’anticiper la fin prochaine. La personne peut ressentir un sentiment d’amertume plus ou moins prononcé. La force associée au passage de cette étape est la sagesse qui permet de reconsidérer ses attentes, ses objectifs, sa conception de soi et sa vie.
L’avancement en âge peut être considéré comme un processus identitaire. Ce qui se traduit sur la vie entière de chaque individu. Il existe plusieurs manières d’intégrer les nouvelles expériences du vieillissement à l’identité. Toutefois, certaines peuvent causer plus de difficultés à court, moyen, ou à long terme, que d’autres.
On parle d’assimilation identitaire lorsqu’on interprète toutes les nouvelles expériences en les intégrant à son identité sans jamais la remettre en question. L’individu n’effectue donc aucun changement dans son identité ; il reste en continuité. D’un côté, la personne démontre des résistances face aux changements qui accompagnent le vieillissement. De l’autre, son image d’elle-même reste positive. Ce qui peut se révéler dangereux avec cette manière d’entrevoir le vieillissement, c’est l’ignorance des changements corporels qui peuvent requérir de l’attention. Le refus de vieillir peut favoriser des comportements risqués pour la santé physique (ex. : poursuite d’activités qui ne sont plus en cohésion avec les capacités physiques, refus de consulter des professionnels de la santé, etc..).
On parle d’accommodation identitaire lorsque la personne remet systématiquement son identité en question à chaque nouvelle expérience. La personne apporte des changements à son identité et à sa perception de soi en réponse à toutes les expériences qui la remettent en question ; elle accommode son identité à toutes nouvelles expériences vécues. D’une part, l’image de la personne peut se retrouver plus en phase avec la réalité. D’une autre, cela peut favoriser une image négative de soi-même. En effet, si l’on se retrouve dans cette dynamique, on pourrait conclure dès les premiers signes de vieillissement qu’on est « vieux » et désespérer plutôt que d’agir. Dans certains cas, la personne pourrait décider de cesser toute activité physique ce qui mène à un déclin beaucoup plus précoce des capacités physiques et cognitives.
On parle d’équilibre identitaire lorsque la personne fait preuve de flexibilité dans son processus identitaire. Vous comprendrez que cette dynamique est un équilibre entre les deux premières ; la personne reste stable dans sa conception d’elle-même, mais fait des changements à la suite de certaines expériences. On dit souvent : « il faut en prendre et en laisser » et c’est exactement ce à quoi réfère cette dynamique. La personne démontre une capacité d’adaptation face aux nouvelles situations ; elle accepte le vieillissement sans avoir d’attitude défaitiste.
Le travail du processus identitaire qu’est l’avancement en âge est d’arriver à un équilibre entre les gains et les pertes inhérents à la vie. Il est impossible de tracer un parcours de vie modèle puisque les expériences de tout un chacun vont varier. Chaque parcours est unique ; certains éléments seront similaires, et d’autres, complètement différents. Avec ce jeu de carte que la vie nous a brassée et donnée, tous doivent en sortir la meilleure stratégie. Selon celui-ci, il vous sera demandé de redéfinir vos buts ; d’en choisir qui conviennent mieux ou de choisir des objectifs qui sont plus adaptés à la situation actuelle. Pour cela, le développement de nouvelles stratégies pour atteindre ces buts sera nécessaire. L’important reste de focaliser son énergie sur des éléments de vie qui sont plus positifs et laisser de côté les habiletés qui vous réussissent moins.
Cet article met la table pour les deux prochaines chroniques. L’une portant sur les enjeux spécifiques associés au genre masculin et au vieillissement et l’autre sur les enjeux spécifiques associés au genre féminin qui seront respectivement publiés le 31 mars et le 14 avril.
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